[France Culture] Des souris et des hommes… de science avec Georges Chapouthier

[France Culture] Des souris et des hommes… de science avec Georges Chapouthier

Georges Chapouthier, Vice-président de la SfZ et Directeur de recherche émérite au CNRS -Sorbonne Université était dans les Chemins de la Philosophie sur France Culture pour parler des souris.

Pourquoi les souris sont-elles les animaux les plus utilisés dans l’expérimentation scientifique ? Comment s’articule, de façon éthique, le lien entre animal sensible et animal objet dans l’expérimentation animale ? Cette pratique est-elle légitime ?

L’invité du jour :

Georges Chapouthier, directeur de recherche émérite au CNRS, biologiste et philosophe, auteur de nombreux livres sur les animaux

Nées pour mourir ?

La souris, sur un plan biologique, naît comme une proie. Dans la nature, elle a des mécanismes de reproduction extrêmement forts, elle se multiplie très vite, en trois mois il y a une nouvelle portée de 8 à 10 souris et tous ces animaux qui naissent, leur principal destin, si j’ose dire, c’est de servir de nourriture aux éperviers, aux serpents, aux renard… De ce fait là, elles disposent de processus d’anxiété très forts, plus que d’autres espèces. Quand on veut étudier l’anxiété, c’est très intéressant d’utiliser des souris.
Georges Chapouthier

Le rat rigole

Le rat rigole dans les ultrasons, c’est imperceptible. C’est Jaak Panksepp qui est à l’origine de cette découverte, il a eu l’idée de brancher des récepteurs ultrasons sur des cages de rats et s’est aperçu qu’ils rigolaient. Quand on chatouille un rat, il rigole, et les ratons qui jouent entre eux rigolent aussi tout le temps. Panksepp montre que chez les rats, les ratons qui rient le plus sont préférés comme camarades de jeu, et cela a permis à un groupe polonais de montrer l’existence chez les rats de rats optimistes ou pessimistes…
Georges Chapouthier

Quelle réglementation pour les expériences ?

C’est une question que je me suis beaucoup posée, mais je pense que si on veut développer des médicaments dans l’état actuel des choses, on ne peut pas supprimer l’expérimentation, comme le demandent certains. Ce qu’il faut faire, c’est la réglementer, l’améliorer quand on peut. La directive 2010 63 EU encadre les expériences sur les animaux vertébrés, qui sont l’écrasante majorité des animaux utilisés, et les mollusques céphalopodes comme les pieuvres, mais par exemple elle n’encadre pas les drosophiles, les abeilles, les homards, etc.
Georges Chapouthier

Textes lus par Hélène Lausseur :

  • Aristote, Histoire des animaux, Livre VI, chapitre 37 « Les souris », traduction de Pierre Pellegrin, éditions GF
  • Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, 1865, pages 144-145

Sons diffusés :

  • Musique d’ouverture : Arvo Pärt, Leichte Tanzstücke Schmetterlinge
  • Mix de début par Laurence Malonda, avec des extraits des films et séries : Les Simpson saison 4 épisode 6, Sacrées sorcières de Robert Zemeckis, La Souris de Gore Verbinski, Les Aristochats de Wolfgang Reitherman, La cité de la peur de Alain Berberian
  • Chanson de Henri Salvador, Minnie la petite souris
  • Chanson de Pat Boon, Speedy Gonzales
  • Extrait du film Mon oncle d’Amérique, d’Alain Resnais, 1980
  • Archive de Maïté et Micheline Banzet, La cuisine des mousquetaires, France 3, 12 décembre 1989
  • Archive du philosophe Peter Singer, dans La Grande table, France Culture, 06 juin 2018
  • Chanson de fin : Juliette Gréco, Souris et souricières

Dessin de Anaïs Ysebaert : Insta @anais.ysebaert 

A réécouter en podcast sur le site des Chemins de la philosophie

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