Décès de Jane Goodall – Hommage de la SfZ

Décès de Jane Goodall – Hommage de la SfZ

C’est avec une profonde émotion que la Société Française de Zoosémiotique rend hommage à Jane Goodall, figure emblématique de l’éthologie et de la relation interespèce.
Pionnière de l’étude comportementale des chimpanzés dans leur milieu naturel, Jane Goodall a bouleversé non seulement notre compréhension du monde animal, mais aussi les fondements éthiques de la recherche scientifique.
Par son approche patiente, immersive et empathique, elle a révélé l’existence de cultures, de structures sociales complexes et d’expressions émotionnelles chez les grands singes, brisant les frontières rigides que la science occidentale avait trop longtemps posées entre l’humain et l’animal.
Pour la zoosémiotique – discipline consacrée à l’étude des systèmes de signes entre et avec les animaux – l’héritage de Jane Goodall est inestimable.
Son travail a ouvert la voie à une reconnaissance des formes de communication non verbales, à la prise en compte de l’individualité animale, et à la mise en lumière de logiques de sens qui transcendent l’anthropocentrisme.
Au-delà de la chercheuse, c’est l’humaniste, la défenseuse infatigable de la biodiversité et des droits des animaux que nous saluons.
Son engagement écologique, sa voix pour les sans-voix, son regard plein de respect et de curiosité pour les autres êtres vivants resteront une source d’inspiration pour notre communauté scientifique et pour les générations futures.
La Société Française de Zoosémiotique adresse ses condoléances les plus sincères à sa famille, à ses proches, ainsi qu’à l’ensemble de celles et ceux qui poursuivent son œuvre au sein du Jane Goodall Institute.
La Société française de Zoosémiotique entretenait une relation très intense avec le Jane Goodall Intitute France, puisque le Jane Goodall Intitute France a longtemps été membre personne morale de la SfZ, Pauline Delahaye, secrétaire générale de la SfZ, avait obtenu le Prix Jane Goodall et que la SfZ et plusieurs de ses membres comme Astrid Guillaume, Michel Kreutzer, Pauline Delahaye ou encore Jessica Serra, étaient invités et présents à l’UNESCO lors du discours pour l’humanité que Jane Goodall avait tenu.
Jane Goodall ne disparaît pas.
Elle continue de nous parler — par les regards des chimpanzés, les cris des forêts, et les silences que nous apprenons à écouter.
Pauline Depierrefixe pour le Conseil d’Administration de la SfZ
Hommage de Pauline Delahaye, Secrétaire générale de la SfZ
« Le Messager de la Paix des Nations Unies, la Médaillée de la Liberté des Etats-Unis, la Dame Baronesse de la Couronne d’Angleterre, le Docteur Jane Goodall n’est plus.
Hier, le voile de la mort auquel nous croyons tous être habitués, mais qui est toujours soudain si lourd lorsqu’il emporte un visage familier, hier ce voile a passé sur la flamme de Jane Goodall, et une lumière dans les ténèbres s’est éteinte. Même dans la mort, la dame aura conservé la sobriété et la discrétion qui la caractérisaient, un départ sans fracas, sans effet d’annonce, sans longue maladie, une bougie qu’on souffle et s’en est fini.
Une part de moi pense qu’elle a été prise par surprise, car jamais elle n’aurait voulu mourir en terre étrangère, loin des siens, causant tant de déception à ceux qui avaient déjà réservé et s’impatientaient de la rencontrer.
Une autre part de moi pense avec autant de force qu’elle a senti son heure arriver, a accepté ce qui allait inéluctablement advenir, et a décidé de continuer à travailler, jusqu’au bout, comme si de rien n’était, parce qu’il n’y avait que ça qu’elle pouvait faire.
Jane Goodall était pour moi un modèle, un phare, un exemple de ce qu’on peut devenir, en tant que scientifique têtue, en tant que femme de caractère, en tant que chercheur engagé, en tant qu’humain qui a si peu de temps à vivre et tant de choses à donner. Lorsque j’ai reçu, en 2023, le Prix Jeune Chercheur de l’Institut Jane Goodall, j’ai dit que je ne pouvais que souhaiter une vie semblable à la sienne, le fait d’être deux fois veuve en moins, et je pense que ça n’a jamais été aussi vrai. Mais il n’y aura plus de chercheur comme Jane Goodall.
Il n’y en aura plus parce qu’elle a construit tant et tant que la science a progressé, et qu’on fait depuis de la science autrement. Les scientifiques sont tous des nains sur les épaules des géants, mais ils doivent parfois combattre une nostalgie bien vivace pour accepter de se percher sur leurs corps encore fumants.
Jane Goodall sera dépassée, parce qu’en science les modèles sont des mentors, et non des dieux, parce que ce n’est pas leur faire insulte que de dire qu’on fait mieux. Parce qu’on fait toujours mieux grâce à eux.
Jane Goodall était porteuse, à la fois par sa recherche et par son engagement, d’un espoir invincible. Invincible parce qu’il est bien conscient des dangers, des défis, des adversaires et des vents mauvais de l’avenir qui apportent déjà l’odeur du sang. Mais comme elle le disait à de nombreuses reprises : on doit avoir l’espoir, parce qu’on a aucune autre option.
Et je pense qu’il est important, en ce soir de grande peine, de se rappeler que l’espoir ne meurt pas avec son messager.
91 ans. Un battement de cils. Une éternité. Jane Goodall a consacré tout ce qu’elle avait d’énergie à ce que sa lumière porte, haut et loin et, sur la fin de sa vie, tout ce qu’il pouvait rester de flamme au bout de sa mèche pour allumer d’autres bougies. Si ce soir, une chandelle dans les ténèbres s’est éteinte, beaucoup d’autres flammes portent une part de sa lumière.
Alors, aujourd’hui, prenons le temps de la peine, cette émotion bien normale pour nos pauvres esprits de singes, qui nous unit à tant de nos cousins du règne animal : la douleur de la perte, l’éternelle réciprocité des larmes. Car demain, il nous faudra travailler, puisque nous n’avons d’autre choix que l’espoir.
Hier, Jane Goodall est sortie de nos vies pour entrer dans l’Histoire. » Pauline Delahaye
Partager cet article