La SfZ et plusieurs de ses membres signent une Tribune parue dans le Monde
Plusieurs membres de la SfZ ont signé une Tribune parue dans le journal Le Monde.
« La construction par le CNRS d’un centre national d’élevage de primates relève d’une vision court-termiste de la recherche biomédicale »
Un collectif d’universitaires, de chercheurs, de médecins et de vétérinaires, soutenu par des parlementaires, explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi la construction d’un centre national d’élevage de primates par le CNRS serait une aberration financière et éthique.
publié le 20 mai 2025
En 2022, la France a utilisé 563 primates non humains pour la recherche fondamentale et appliquée (hors réutilisations des animaux), contre 144 en Allemagne et 174 au Royaume-Uni. Or si l’on se réfère au nombre de publications dans le domaine biomédical, ces deux pays dépassent très nettement la France (selon la revue Nature). Cette surconsommation de primates par rapport à nos voisins ne semble donc apporter aucun avantage sur le plan scientifique.
Pourtant, en juillet 2024, le CNRS a lancé un appel d’offres dans le cadre des marchés publics pour la construction d’un centre national de primatologie sur la commune du Rousset (Bouches-du-Rhône), non loin de Marseille. La durée de la construction est estimée à cinquante-huit mois pour un budget de 30 millions d’euros hors taxes, auquel il faudrait ajouter les futurs et importants frais de fonctionnement. Ce centre est censé accueillir « à terme » 1 740 primates, ce qui permettrait de répondre à 40 % de la demande de la recherche académique française pour pallier une prétendue « pénurie ».
Un tel objectif paraît démesuré. Faisons un rapide calcul : 40 % du nombre actuel de primates utilisés annuellement dans la recherche fondamentale et appliquée représentent 225 animaux. Pourquoi donc envisager d’élever 1 740 primates pour une « production » annuelle d’environ 200 animaux ? D’autant que nous parlons d’un avenir de huit à dix ans. D’ici là les méthodes non animales, en plein essor, auront considérablement progressé et la société, déjà largement opposée à l’expérimentation animale aujourd’hui, le sera plus encore. Soit le CNRS envisage un accroissement des utilisations de primates dans la recherche académique dans les années à venir, soit il envisage de les vendre à des utilisateurs privés ou à d’autres utilisateurs européens.
Dans un cas comme dans l’autre un tel projet est contraire aux objectifs de la directive européenne 2010/63/UE relative à la protection des animaux à des fins scientifiques. On lit en effet dans son considérant 10 qu’elle représente une étape importante vers « l’objectif final que constitue le remplacement total des procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives, dès que ce sera possible sur un plan scientifique ». Et dans le considérant 17 : « (…) l’utilisation de primates non humains préoccupe au plus haut point les citoyens. Il y a donc lieu de n’autoriser l’utilisation de primates non humains que dans les domaines biomédicaux essentiels à la santé humaine,
La liste complète des signataires se trouvent sur le site de Transiences
Universitaires, chercheurs, médecins, vétérinaires
Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale, Université Grenoble Alpes, Directeur de la Maison des Sciences Humaines
Alexandra Benchoua, neurobiologiste, directrice de recherche
Dr Marie-Claude Bomsel, vétérinaire, professeur honoraire Museum national Histoire naturelle
Dr Laurence Bessac, endocrinologue
Aurelien Brule (dit Chanee), Président Fondateur de Kalaweit
Dr Evelyne Cash, ancienne chercheuse au CNRS, viro-immunologie
Dr Roland Cash, économiste de santé
Georges Chapouthier, biologiste et philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS.
Gérard Charollois, magistrat honoraire de l’ordre judiciaire, Président de la Convention Vie et Nature de la SEPANSO de la Dordogne
David Chauvet, docteur en droit privé et sciences criminelles
Sylvie Clavel, directrice des écoles d’architecture de Paris-Villemin et de Versailles
Jean-François Courreau, professeur émérite de Zootechnie à l’Ecole vétérinaire d’Alfort
Lilas Courtot, docteure en biologie, épigénétique et cancer
Valérie Croisille, maître de conférences, Université de Limoges
Dominique Crozat, professeur émérite, Université de Montpellier
Dr Thomas de Broucker, PH ancien chef de service de neurologie, Hôpital Delafontaine, Saint-Denis
Virginie S. Dercourt – maître de conférences en sciences de gestion-HDR, Université Sorbonne
Dr Philippe Devienne, vétérinaire et Docteur en Philosophie
Dr Sophie Dol, vétérinaire
Jean-Jacques Gandini, avocat honoraire, diplômé en sciences politiques
Dr Colette Goujon, neurologue, algologue
Pierre-Henri Gouyon, professeur émérite au Muséum National d’Histoire Naturelle
Astrid Guillaume, présidente de la Société française de Zoosémiotique
Dr Anne Hardy-Tamakoshi, réanimatrice
Bernard Haumont, sociologue
Pierre Jouventin, ancien directeur de recherche CNRS en éco-éthologie
Michel Kreutzer, éthologue, professeur émérite, Université Paris Nanterre
Dr Hervé Lacombe, chirurgien des Hôpitaux, ancien Chef de Service
Thierry Lodé, professeur d’écologie évolutive et de biologie -Université Rennes 1
Dr Mai Luu, algologue et soins palliatifs
Jean-Pierre Marguénaud, agrégé des Facultés de Droit- coordonnateur de la rédaction de la Déclaration européenne des droits de l’animal
Marie-Claude Marsolier, directrice de recherche en génétique, CEA/MNHN
Anaëlle Martin, docteure en droit
Dr André Ménache, vétérinaire, conseiller scientifique Antidote Europe
Dr Jean-Jacques Monsuez, cardiologue, PH ancien chef de service
Jean-Marc Neumann, juriste, ancien chargé d’enseignement en droit de l’animal, Université de Strasbourg
Maryvonne Nicola Équy, agrégée de mathématiques
Corine Pelluchon, Philosophe, professeure à l’université Gustave Eiffel
Dr Anne-Christine Potocka, cardiologue
Aloïse Quesne, maître de conférences en droit privé, Université Evry Paris-Saclay
Amandine Renaud, primatologue, docteure en anthropologie de la nature
Matthieu Ricard, docteur en génétique, moine bouddhiste tibétain
Dr Sylvie Rostaing, anesthésiste réanimateur, médecin douleur et soins palliatifs
François-Xavier Roux-Demare, doyen honoraire de la Faculté de droit de Brest, directeur du master Droit des personnes vulnérables
Paul Quintrand, architecte DPLG, ancien Président de l’Académie d’Architecture
Nicolas Treich, économiste
Parlementaires
Arnaud Bazin, sénateur du Val d’Oise (groupe Les Républicains)
Nadine Bellurot, sénatrice de l’Indre (groupe Les Républicains)
Aymeric Caron, député de la 18ème circonscription de Paris (groupe LFI-NFP)
Samantha Cazebonne, sénatrice des Français établis hors de France (groupe RDPI)
Philippe Fait, député de la 4ème circonscription du Pas-de-Calais (groupe RE/EPR)
Olivier Falorni, député de la 1ère circonscription de Charente-Maritime (groupe démocrate)
Marie-Charlotte Garin, députée de la 3ème circonscription du Rhône (groupe Ecologiste et Social)
Sandra Regol, députée de la 1ère circonscription du Bas-Rhin (groupe Ecologiste et Social)
Sandrine Rousseau, députée de la 9ème circonscription de Paris (groupe Ecologiste et Social)
Cette liste pourra s’allonger de nouveaux chercheurs, médecins, vétérinaires, parlementaires qui n’auraient pas eu connaissance de ce texte en contactant
contact@transcience.fr